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Le droit au paysage

Nous avons la chance en Suisse d’avoir une nature et des paysages exceptionnels, que l’on peut aisément sillonner à pied, grâce aux 65’000 km de balisage officiel (à titre de comparaison, notre réseau routier en compte 71’540), créé et entretenu par près de 1500 bénévoles de l’association Swiss Rando. Savez-vous que ce réseau pédestre unique au monde est protégé aujourd’hui par notre Constitution ?

En 1979, le peuple suisse acceptait un nouvel article constitutionnel sur les chemins pédestres, grâce à deux hommes, Hugo Bachmann et Hans Ehrismann. Ils ont mené un long combat pour protéger ce patrimoine, car avant cette date, les chemins n’existaient pas légalement. Ils pouvaient être laissés à l’abandon, goudronnés, ou même supprimés pour laisser place à des constructions. Sans moyens, aidés au départ de leurs seules familles et amis, Hugo et Hans ont lancé leur initiative fédérale, sous l’oeil moqueur du Conseil fédéral de l’époque, pour qui les sentiers (tout comme les pistes cyclables) n’avaient rien à faire dans la Constitution.

Le combat acharné de ces idéalistes s’est terminé, après moult péripéties, par une victoire foudroyante : 77% du peuple suisse s’est rangé de leur côté. Une loi fédérale de création, entretien et promotion des chemins pédestres a suivi en 1985. Aujourd’hui, la Suisse est le seul pays au monde à avoir ancré son réseau de sentiers dans sa Constitution, et ce contexte historique doit nous permettre de réaliser que nous disposons là d’un véritable trésor.

Les communes ont leur rôle à jouer dans la préservation et la promotion de ce bien collectif. Car les chemins de randonnée pédestres ne sont pas seulement situés dans la nature, mais également en milieu urbain. Chaque commune, de la plus urbanisée à la plus campagnarde, est constellée de panneaux indicateurs jaunes, de losanges et autres marquages à la peinture. Ils font tellement partie de notre paysage quotidien que nous ne les voyons plus.

Les collectivités publiques doivent assurer à la population un accès piéton sûr et agréable au sein de leur territoire, en préservant et en créant des lieux naturels de proximité (comme l’accès public aux rives du lac bien sûr pour les communes concernées) et en les reliant entre eux par des chemins pédestres bien aménagés et si possible accessibles à tous.

Les Louboutin, un symbole politique

Effrontée, audacieuse, fashionista, insolente, combative. Etonnantes, flashy, flamboyantes… Ce sont là quelques qualificatifs glanés dans les médias français après le meeting de Nicolas Sarkozy à Lille le 23 février dernier. Mais de qui et de quoi parle-t-on? Qui donc a réussi à voler à ce point la vedette au président? Rachida Dati et ses bottines rouges. « Un retour triomphant et remarqué » s’extasie même le 20 Minutes français.

Une information anecdotique et superficielle, certes, dans une campagne qui s’annonce par ailleurs sanglante (à l’image de la couleur des fameuse bottes), mais pas anodine pour autant. Rachida Dati aurait-elle eu droit à autant d’attention de la part des médias si elle avait porté ce jour-là des chaussures plates passe-partout? Certainement pas. Et l’on ne parle pas de Gala ou Elle, mais bien de LibérationLe Point ou L’Express.

Mais n’était-ce pas là justement l’objectif de « Rachida la scandaleuse », comme on l’appelle parfois? Porter des Louboutin rouge sang à talons de 12 cm lors de sa première apparition dans la campagne présidentielle est une provocation bien calculée et un message clair. « Ah bon? On parle de mes chaussures? » semble s’étonner l’ancienne Garde des Sceaux. Mais s’il est une femme politique consciente de ses atouts physiques et de l’importance de son apparence, et qui n’hésite pas à s’en servir, c’est bien elle. « Rachida Dati n’est pas de celles qui se font petites lorsqu’on leur redonne une chance d’être dans la lumière », souligne par ailleurs Le Point.

N’ayant pas de rôle ou de poste officiel dans la campagne présidentielle, et de nombreux adversaires au sein de l’UMP, Rachida est pourtant présente, à la demande du président lui-même. Et ce retour surprise sur le devant de la scène fait grincer des dents dans les rangs sarkozistes. « Elle ne va pas devenir l’égérie de la campagne » lâchent, visiblement inquiets, ses détracteurs dans Le Monde. Dès lors, sa présence au meeting de Lille, et le fait qu’elle puisse s’y exprimer, était une chance unique pour elle de marquer un point dès le départ.

De ses mots d’introduction devant 10’000 personnes, on ne saura pourtant pas grand chose. « Qu’importe le discours, qu’importe l’énergie déployée au micro, on ne voyait que les talons aiguilles d’un rouge insolent », affirme Le Point. La parole est passée complètement au second plan, au profit d’un fébrile questionnement quant à la marque des bottes. Louboutin ou pas Louboutin? Si oui, quel modèle? Depuis le 23 février, les magazines de mode en ligne tentent de répondre à cette question vitale, photos comparatives à l’appui.

Ces Louboutin-là ont donc valeur de symbole. Depuis la tribune, Rachida répond à ses ennemis à coups de talons rouges: « Je suis là, il faudra compter avec moi, je suis prête à faire le show, et je ferai tout pour vous voler la vedette ». Pari réussi, on ne parle plus que d’elle. Bien qu’ayant été longtemps en disgrâce, elle a montré avec brio qu’elle ne comptait pas rester dans ses petits souliers ces prochains mois.

Une forte personnalité

« Ma femme a une forte personnalité » selon Philipp Hildebrand. En quoi cela nous intéresse-t-il? Parce que cette phrase entend justifier une transaction bancaire effectuée par Madame sans que son mari en ait eu connaissance.

Imaginez-vous. Spéculer sur des devises, de sa propre initiative. Il faut vraiment, pour une femme, avoir un caractère d’acier pour oser prendre ce genre de décision sans l’aval son mari. On est d’accord.

Ca veut dire quoi, d’abord, « une forte personnalité », quand on parle d’une femme? Qu’elle est ingérable, imprévisible, qu’elle n’obéit pas bien à son mari? Hildebrand va-t-il bientôt se défendre en arguant que son épouse avait ses règles ce jour-là, et qu’elle n’avait donc pas les idées claires?

Dommage qu’elle soit d’origine pakistanaise, Kashya, et non blonde. Cette caractéristique aurait tout justifié sans discussion. « Vous comprenez, ma femme est blonde, et elle fait parfois joujou avec l’ordinateur sans vraiment saisir les conséquences de ses actes » aurait-il pu dire.

Autre argument du patron de la BNS, passé presque inaperçu: « Nous nous sommes mariés tard ». En quoi la date de leur mariage peut-elle d’une quelconque façon dédouaner Hildebrand? Depuis le début des années 90 (période de leur rencontre aux USA selon le Temps), Monsieur Hildebrand n’aurait-il pas eu assez de temps pour dresser Madame, et apprendre à la contrôler correctement? Kashya a-t-elle mené sa propre vie de façon indépendante trop longtemps pour être assez bien rentrée dans le moule du mariage, qui implique une obédience totale à son mari et aucune initiative personnelle?

Ceci dit, je me pose une question, sans doute naïve, car je ne connais rien à la finance: comment est-il possible pour une personne, même mariée à une autre, d’effectuer des transactions sur son compte personnel (et non sur un compte commun) sans l’assentiment de cette personne ou qu’elle en ait même connaissance? On peut donc en Suisse vendre ou acheter des centaines de milliers de francs de devises sur un compte pour lequel on a pas la signature? Eclairez-moi, je suis blonde, moi, par contre.

Mais quelle meilleure défense en effet, quand on ne veut pas assumer, disons, d’avoir abîmé seul sa voiture en se garant, que de dire que c’est sa femme qui était au volant? « Que voulez-vous, elle a une forte personnalité et conduit parfois ma voiture sans mon autorisation » dira le mari en soupirant.

On sait ce qu’il en est des femmes au volant… ou des femmes qui s’essayent malencontreusement à la spéculation sur les devises… ça pardonne tout, non?

Journal d’une blonde en politique

En début d’année, j’ai constaté que les conversations chez ma manucure étaient en train de prendre un nouveau tournant. Les potins de Voici étaient soudain délaissés et on ne parlait plus que de « celui qui faisait le pitre avant à la télé » ou de « celui qui a un nom pas de chez nous et qui ne sourit pas assez ».  Pour ne pas passer pour une idiote auprès des autres clientes lors de mes séances de retouches hebdomadaires, j’ai décidé de m’intéresser à la politique en Ville de Genève. Plus encore, de m’y investir.

Restait à choisir une famille politique. Un parti, c’est avant tout des idées, un programme, me direz-vous. Certes, mais avouez que c’est aussi une question de couleurs. Partout des ballons, des banderoles, des affiches, des écharpes. Du rouge, du vert, du bleu, de l’orange… Mon amie Brigitte, qui donne des cours de relooking, m’a donc suggéré de baser mon choix sur une analyse des couleurs qui siéraient le mieux à mon teint, selon la méthode dite des « saisons ». Après m’avoir jeté autour du cou toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et leurs dérivés, il s’est révélé que j’étais de type « hiver », et que la couleur « amie de mon teint » était le rouge.

J’ai donc finalement adhéré au PSG, qui a le bon goût d’avoir les mêmes initiales que le Paris St Germain. Avec un peu de chance, les attaquants y auraient également le muscle saillant et le mollet puissant. Et effectivement, tous les samedis matin, place du Molard, quelques très bons joueurs semblaient foncer droit au but en distribuant des ballons. Surtout celui qu’ils avaient racheté à coup de millions au club Al-Ansar de Beyrouth.

Tout s’est compliqué quand j’ai reçu une enveloppe grise remplie de noms et de visages encore inconnus. Grâce au site internet Smartvote, bien mieux conçu que Meetic, j’ai pu découvrir avec lesquels de ces messieurs j’avais des affinités, et plus si Entente. Ayant complété dans les remarques personnelles que j’aimais manger, sortir en boîte et m’amuser, j’ai attendu qu’un certain Michel C. (qui avait sans doute inscrit les mêmes remarques vu notre taux de réponses communes) me contacte.

Mais aucune nouvelle. Il devait être trop occupé à chanter dans des vidéos kitsch. Par dépit, j’ai pensé sélectionner tous les candidats les plus mignons de tous les partis et les réunir sur une liste vierge. Tant qu’à faire, autant que mon destin de citoyenne soit entre les mains de beaux gosses. Mon coiffeur, bien qu’également séduit par cette perspective, m’a ramenée à la raison. il m’a fait remarquer que cela aurait le même effet que s’il me donnait un rendez-vous pour un brushing sans me réserver de fauteuil. J’ai donc voté « compact ».

La complexité de cette campagne m’a rappelé un jeu qui s’appelle « Twister ». On roule un dé, et on doit faire des grands écarts avec une main sur le rouge, un pied sur le vert, l’autre sur le bleu… certains semblaient avoir choisi la logique de ce jeu pour déterminer leurs alliances. L’embêtant avec Twister, c’est que les positions contre-nature qu’il implique révèlent parfois les dessous. Mieux vaut donc qu’ils soient propres.

Le joueur libanais que je soutenais a finalement marqué. L’ex futur maire de Genève a abandonné la musique, même s’il joue encore du ciseau. Je peux me consacrer aujourd’hui un peu plus assidûment à ma passion première, le shopping chez Louboutin.