Regarder des trucs pousser

Le jardinage, ça n’a jamais été mon truc. Le seul moment où j’ai eu les pouces verts, c’est quand je me suis égarée à mettre du vernis de cette couleur sur mes ongles.

Et pourtant, on m’assure que derrière le fait de travailler la terre se cache la même philosophie et les mêmes effets sur le mental et le physique que la marche que j’affectionne tant ; apaisement, calme, sérénité, retour aux sources.

Je veux bien le croire. En fait, je vais pouvoir le vérifier, puisque, ne pouvant plus aller marcher en montagne, je me suis mise, presque par dépit, au jardinage.

Pour être franche, il n’y a pas que le fait de tourner en rond chez moi qui m’a poussée à enfin m’intéresser au petit lopin de terre faisant partie de mon territoire. Forcée à ralentir, la patience et les attentions qu’exigent les plantations me deviennent plus accessibles, à moi qui aime habituellement que les choses se fassent vite. Je ne peux plus obtenir l’instantané, alors je me recentre sur une activité où le temps long est une exigence.

Transformer un stérile carré d’herbe folle (ou un coin de balcon) en potager, jardin d’herbes aromatiques ou parterre de fleurs, c’est aussi une manière, peut-être une des seules actuellement, de domestiquer (un tout petit peu) une nature qui nous échappe, reprend ses droits, nous terrasse et nous domine.

Privée de mon travail sédentaire, je prends ainsi goût au travail physique de la terre, je me crée une minuscule fenêtre d’autonomie alimentaire (au moins pour les herbettes de ma salade), et je vois jour après jour mes efforts de bêchage et arrosage récompensés par ici un bourgeon qui éclot, là une plantule qui surgit du terreau.

Comme lorsque j’arpente les sommets ou les campagnes, une forme de méditation se met en place, mon bout de terrain m’ouvrant la porte du jardin secret de mon esprit. Dans l’un comme dans l’autre, je regarde des trucs pousser.

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