Archives mensuelles : janvier 2013

J’aime

Facebook a changé la donne des relations hommes-femmes. Le réseau social a ouvert une multitude de contacts et d’échanges potentiels, du virtuel au réel. On y « aime » à tour de bras, et parfois, à force, on y a le coeur qui bat. Cela peut durer une seconde, le temps d’une image ou d’un mot qui nous touche. Mais aussi se prolonger, se développer en des sentiments plus profonds.

Mais la dérive n’est jamais loin. On peut facilement voir des choses là où il n’y en a pas, et interpréter un « j’aime » comme une marque d’intérêt pour soi alors que ce n’est finalement qu’un intérêt passager pour une publication. De même, l’absence de commentaire ou de « j’aime » peut-être perçu comme un manque d’attention. La personne concernée se sent mal aimée, délaissée, ignorée, et cela peut créer de la frustration, de la colère, de la tristesse. Ces interprétations hâtives et souvent erronées peuvent facilement déboussoler une personne fragile ou en recherche maladive de reconnaissance. 

Une récente étude allemande rapportée par le Nouvelliste révèle que « les membres de Facebook seraient souvent jaloux de leur amis et malheureux ». Jaloux des amitiés ou des amours qui semblent glorieusement s’afficher (même si la réalité est tout autre), des photos de vacances, du nombre de messages postés pour un anniversaire, du nombre de « J’aime » ou de commentaires sous une publication. Que tout cela soit au fond du vent et de nature éphémère n’entre pas en ligne de compte, les émotions étant, elles, réelles. 

Le virtuel infiltre le réel, et inversement. Quand on est sur Facebook on y parle de sa vie, et autour d’un verre, on se surprend à parler de Facebook. Comment faire la part des choses, et maintenir des frontières claires? Cela demande une discipline et une attention de tous les instants. S’auto-censurer quand on a envie d’y crier sa rage ou son bonheur n’est pas aisé, tant il est tentant d’utiliser cet outil addictif comme exutoire des émotions qui peuvent nous submerger. En partageant à tâtons mais à tue-tête, on se libère, certes, mais on se met un nouveau fardeau sur les épaules, celui de l’exposition publique de sa vie privée, qui se trouve commentée, discutée, disséquée, et rapportée à d’autres. La recherche d’un réconfort ou d’une gratification illusoires s’y paient cash. 

Présente sur le réseau social depuis 2007, j’ai vu en cinq années d’activité (comme beaucoup d’autres adeptes de Facebook sans doute), des couples se former grâce aux contacts facilités ou d’autres se défaire à cause d’une jalousie mal placée, des drames se jouer en public, des secrets être malencontreusement ou intentionnellement révélés. J’ai vu des amitiés exploser sur un malentendu, des débats virer à l’insulte puis à la plainte, des réputations être écornées par la diffamation ou la caricature. Mais, fascinée malgré tout par la puissance inégalée de cet outil qui distord, malmène ou cimente (parfois, tout de même) les relations sociales ou amoureuses, vous m’y retrouverez toujours quotidiennement!

http://www.facebook.com/catherine.armand