Effrontée, audacieuse, fashionista, insolente, combative. Etonnantes, flashy, flamboyantes… Ce sont là quelques qualificatifs glanés dans les médias français après le meeting de Nicolas Sarkozy à Lille le 23 février dernier. Mais de qui et de quoi parle-t-on? Qui donc a réussi à voler à ce point la vedette au président? Rachida Dati et ses bottines rouges. « Un retour triomphant et remarqué » s’extasie même le 20 Minutes français.
Une information anecdotique et superficielle, certes, dans une campagne qui s’annonce par ailleurs sanglante (à l’image de la couleur des fameuse bottes), mais pas anodine pour autant. Rachida Dati aurait-elle eu droit à autant d’attention de la part des médias si elle avait porté ce jour-là des chaussures plates passe-partout? Certainement pas. Et l’on ne parle pas de Gala ou Elle, mais bien de Libération, Le Point ou L’Express.
Mais n’était-ce pas là justement l’objectif de « Rachida la scandaleuse », comme on l’appelle parfois? Porter des Louboutin rouge sang à talons de 12 cm lors de sa première apparition dans la campagne présidentielle est une provocation bien calculée et un message clair. « Ah bon? On parle de mes chaussures? » semble s’étonner l’ancienne Garde des Sceaux. Mais s’il est une femme politique consciente de ses atouts physiques et de l’importance de son apparence, et qui n’hésite pas à s’en servir, c’est bien elle. « Rachida Dati n’est pas de celles qui se font petites lorsqu’on leur redonne une chance d’être dans la lumière », souligne par ailleurs Le Point.
N’ayant pas de rôle ou de poste officiel dans la campagne présidentielle, et de nombreux adversaires au sein de l’UMP, Rachida est pourtant présente, à la demande du président lui-même. Et ce retour surprise sur le devant de la scène fait grincer des dents dans les rangs sarkozistes. « Elle ne va pas devenir l’égérie de la campagne » lâchent, visiblement inquiets, ses détracteurs dans Le Monde. Dès lors, sa présence au meeting de Lille, et le fait qu’elle puisse s’y exprimer, était une chance unique pour elle de marquer un point dès le départ.
De ses mots d’introduction devant 10’000 personnes, on ne saura pourtant pas grand chose. « Qu’importe le discours, qu’importe l’énergie déployée au micro, on ne voyait que les talons aiguilles d’un rouge insolent », affirme Le Point. La parole est passée complètement au second plan, au profit d’un fébrile questionnement quant à la marque des bottes. Louboutin ou pas Louboutin? Si oui, quel modèle? Depuis le 23 février, les magazines de mode en ligne tentent de répondre à cette question vitale, photos comparatives à l’appui.
Ces Louboutin-là ont donc valeur de symbole. Depuis la tribune, Rachida répond à ses ennemis à coups de talons rouges: « Je suis là, il faudra compter avec moi, je suis prête à faire le show, et je ferai tout pour vous voler la vedette ». Pari réussi, on ne parle plus que d’elle. Bien qu’ayant été longtemps en disgrâce, elle a montré avec brio qu’elle ne comptait pas rester dans ses petits souliers ces prochains mois.